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sites archéologiques > Pasargades > nouvelles recherches

Les apports des recherches récentes (1999-2008)

L’ensemble du site fait l’objet de nouvelles recherches, sans fouilles, dont les résultats et leur interprétation ont modifié l’image du site. Les traces les plus évidentes, mais toujours enfouies dans le proche sous-sol, sont le plan d’un grand bâtiment, la mise en évidence d’un grand bassin à l’emplacement du cours d’eau et de baraquements ou grandes maisons dans l’enceinte. Ce sont les acquis d’un programme franco-iranien commencé en 1999 sous l’égide de l’Organisation du Patrimoine culturel national d’Iran (aujourd’hui Iranian Cultural Heritage, Handicrafts and Tourism Organisation), et soutenu du côté français par le Ministère des Affaires Étrangères et le CNRS.

L’objectif était double, d’une part la préparation du dossier d’inscription de Pasargades sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, but atteint en 2004, d’autre part une image plus complète du site et, partant, une meilleure compréhension de la résidence de Cyrus. Jusqu’alors, la vision du site de Pasargades, pauvre en constructions, avait suscité l’hypothèse d’un vaste camp, ce qui satisfaisait à une certaine image de la mise en place de l’Empire achéménide, né de l’ascension rapide d’un roi, qui aurait été à l’origine un petit chef de tribu, et qui aurait conservé le mode de vie pasteur et nomade de sa tribu.

C’est donc la conception et l’organisation de la première résidence royale achéménide avant Darius et Persépolis que le nouveau programme a commencé d’étudier en 1999. Était-elle un camp royal aménagé autour de quelques monuments d’apparat édifiés selon les meilleures techniques de l’époque au Proche-Orient ? Ou bien une véritable ville construite dont la plupart des éléments ne serait plus visible, ceux-ci ayant disparus ou bien encore enfouis ? Ou encore une forme de ville d’une conception particulière ? Le projet supposait que, même dans l’hypothèse d’un camp, il était possible de détecter des traces d’aménagement, observables en surface et surtout repérables par différentes techniques d’investigation archéologique. Ces traces ont été étudiées à partir des observations et relevés anciens, en particulier ceux de Ernst Herzfeld et David Stronach, de l’étude topographique minutieuse, sur la base d’une carte réalisée par l’Organisation du Patrimoine culturel iranien en 1997, que devaient compléter des relevés de micro topographie. Les photos aériennes ont été largement utilisées, les prises de vue anciennes, travail pionnier réalisé par Erich F. Schmidt, le fouilleur de Persépolis, en 1935, et les plus récentes (1969, 1989 et 2003), complétées pat une campagne photographique de prises de vue à basse altitude par cerf-volant et ballon. Mais la méthode principale mise en œuvre est la prospection géophysique (magnétique principalement, mais aussi électrique), qui fait véritablement partie des méthodes de la recherche archéologique et qui a l’immense avantage d’être non destructrice et de permettre l’exploration de vastes superficies.

Une des conditions très favorables pour ces méthodes d’investigation est l’histoire de Pasargades. Le site lui-même n’a pas été habité avant l’époque achéménide et n’a pas connu d’occupations postérieures importantes, sauf en de rares secteurs (sur la plateforme et autour du tombeau de Cyrus) : les anomalies magnétiques qui apparaitraient sur les images de prospection géophysique devraient alors correspondre à des structures d’époque achéménide, éventuellement remodelées dans certains secteurs.

On trouvera un exposé des résultats dans un article accessible sur le même site achemenet.com dans la revue Arta (Benech, Boucharlat, Gondet 2012). Ces résultats sont résumés ici. Le projet portait aussi sur une reconnaissance des environs du site, en étendant les investigations à l’ensemble des vallées en amont au nord, et à la gorge et la vallée qui suit, appelées Tang-i Bolaghi au sud, qui est le parcours de la rivière Polvar sur 17 km environ. La vallée du Polvar est le chemin le plus court entre Pasargades et Persépolis, et sera la route traditionnelle de Shiraz vers le nord, depuis l’Antiquité jusqu’à la fin du 19e siècle. Les évènements allaient modifier ce dernier aspect du programme : d’une part le Tang-i Bolaghi a été exploré et largement fouillé par des équipes internationales (2004-2007), en raison de la construction d’un barrage ; d’autre part les dangers menaçant des constructions hydrauliques en rapport avec le site ancien à plus de 20 km au nord de celui-ci ont entraîné une opération de sondages sur l’une de ces structures en 2008 et 2009. Sur les fouilles du Tang-i Bolaghi, on verra les comptes rendus collectifs dans la revue Arta (2009.001, 2009.002, 2009.003, 2009.004, 2009.005, 2009.006) et, pour le barrage, De Schacht et al, à paraître également dans Arta.

LES OPERATIONS

La prospection géophysique concernait des centaines d’hectares, selon une procédure adaptée au terrain du site protégé (fig. 28), mais s’étendant au-delà de celui-ci, dans les zones aujourd’hui cultivées. L’opération a été mise au point et conduite par Christophe Benech, assisté de Kourosh Mohammadkhani et Sébastien Gondet, puis par ce dernier. Les premiers résultats (méthode magnétique, quelques tests de résistivité électrique) ont été très fructueux ; ils ont aussi permis d’étalonner les cartes à partir des réponses données par des éléments anthropiques connus.

La prospection archéologique couvrait un territoire élargi aux collines situées au nord et à l’est de la zone protégée. Plusieurs d’entre elles portent à leur sommet des aménagements en pierres, parfois modestes, non datées, le plus souvent des cairns, empilements de pierre ménageant un espace central, en général occupé par une sépulture, mais dont rien ne subsiste. Au sommet de la colline Hazrat Ya‘qub à 3 km au nord du Tall-i Takht, autour de l'emamzadeh (lieu de dévotion à un saint de l’Islam), sont dispersés des éléments architecturaux en pierre, travaillés comme ceux des monuments de Pasargades. Ils ne sont pas en place mais ont probablement été prélevés sur le site après son abandon.

LES RESULTATS

Les constructions conservées de Pasargades sont en pierre appareillées et sont les seules visibles, mais d’autres matériaux étaient mis en œuvre. Les fouilles antérieures n’en ont retrouvé que très peu de traces : la terre, la brique crue, très rarement la brique cuite, le plus souvent rectangulaire. La prospection magnétique nécessitait donc la création d’un référentiel établi à partir des constructions connues ; celles-ci permettent d’étalonner les mesures, donnant ainsi une indication sur les éventuels vestiges et leur nature. L’un des trois secteurs choisis fut le jardin royal, prenant comme référence les canaux en pierre.

Dans le prolongement du quadrilatère défini par les fouilles et la reconstitution, au sud-est de celui-ci, de courts alignements sont orientés comme les canaux et les constructions au sud et à l’ouest. Il est probable que le réseau de canaux s’étendait au-delà de la reconstitution proposée par David Stronach et un peu différemment. Plus loin, de petites structures isolées apparaissent également dans l’axe NE-SO du Palais S vers l’est. La prospection de la rive gauche du cours d’eau jusqu’à la Porte R et au-delà de celle-ci n’a pas révélé de mur d’enceinte, un fait important dans la reconstitution d’ensemble du site. À l’ouest du jardin, des alignements se laissent lire entre le Palais S et un monticule de forme quadrangulaire qu’avait repéré Herzfeld.

- Une des découvertes importantes de la prospection magnétique est la mise en évidence du canal d’amenée d’eau, alimentant ce qui a été aménagé en un grand bassin de plus de 200 m de longueur (fig. 30). Observé depuis son origine, le cours d’eau qui traverse le site du nord-est au sud-ouest est un canal dérivant l’eau de la rivière Polvar à 2 km en amont de la colline du Tall-i Takht qu’il longe par l’est. Dans la partie plane du site, son lit est peut-être simplement creusé ; puis il est élargi en un bassin large de plus de 100 m dont l’entrée est marquée par une série d’ « anomalies » en pointillés. Il est tentant d’y voir un système de vannes qui aurait permis de réguler le débit d’eau ; une autre série de vannes devaient avoir la même fonction en aval près du pont. Les bords de ce bassin semblent être construits en pierres appareillées à en juger par le fort contraste des réponses magnétiques. Sa profondeur serait de 1,50 m (tests de prospection électrique). Le bassin serait alors un élément visuel majeur du parc de Pasargades que le visiteur voyait en franchissant le pont depuis la Porte monumentale et en s’engageant sur un axe de circulation SE-NO, le long du Palais S. Reconstituée à partir de deux séries parallèles d’anomalies sur la caret magnétique, cette circulation était peut-être la plus importante du site.

- Le second secteur prospecté est situé entre le jardin central et la tour Zendan-i Solaiman. Au sud de cette tour, le relevé de Herzfeld et les photos aériennes anciennes et récentes montrent une très faible éminence de forme quadrangulaire et des alignements. Selon la prospection magnétique, complétée par une prospection électrique, ce renflement recouvre une construction de 40 x 30 m de côté environ, dont les murs extérieurs sont en pierre, peut-être même en blocs appareillés selon le fort contraste des réponses magnétiques. Les angles forment des saillants quadrangulaires, et l’intérieur est divisé par des alignements espacés de 3 m environ. Magasins ou soubassement d’un étage à rangées de piliers ou colonnes, ce bâtiment infirme définitivement l’image de la tour isolée, d’autant plus qu’au sud-est, des grandes anomalies rectilignes indiquent un grand espace rectangulaire. Ces anomalies correspondraient à des murs ou au contraire à des fossés dans lesquels auraient été plantées des rangées d’arbres ou des haies. Entre cet ensemble et le jardin, l’interprétation des données magnétiques signalerait les traces d’un parcellaire ancien, marqué par des petits canaux creusés ou des rigoles, liés à l’organisation de jardins irrigués. Un filtrage des données géophysiques a été nécessaire pour faire la distinction entre ces traces anciennes et l’effet des labours récents, qui ont presque la même orientation.

- Le troisième secteur, à l’extérieur de la zone archéologique protégée, couvre 7 ha au nord de la plateforme, à l’intérieur de l’enceinte polygonale qu’un sondage a identifié comme un épais mur en briques crues. La prospection magnétique confirme l’existence de cette masse de terre, mais ajoute à l’intérieur, sur la pente vers le fond plat de la dépression de nombreuses formes quadrangulaires parallèles juxtaposées. Bien que mal définies, on peut y reconnaître des constructions dont la longueur peut atteindre 30 m. Les murs étaient construits en partie basse en blocs de pierre non travaillés établis sur le rocher affleurant en plusieurs endroits. L’interprétation de ce secteur est problématique. Le matériel céramique est extrêmement pauvre, comme sur l’ensemble du site, à l’exception de la plateforme ; il peut être d’époque achéménide aussi bien que légèrement postérieur. D’après le plan de la plupart — une rangée de petites salles autour d’un vaste espace probablement découvert — il est peu probable qu’il s’agisse d’habitations ordinaires mais plutôt de bâtiments administratifs ou bien de stockage, ou encore de baraquements militaires ou. Dans les deux hypothèses, ce secteur ne correspondrait pas à une partie de l’habitat de la ville de Pasargades, laquelle reste à trouver.

- Une dernière opération a été conduite dans le secteur des deux « autels », au nord du site. La prospection magnétique n’a pas confirmé l’existence du mur, reconstitué par Ernst Herzfeld, qui aurait englobé ceux-ci et, à 120 m de distance, la terrasse à degrés, en briques crues et en pierres. Le muret, non construit, simplement constitué d’un empilement de pierres reconnu par Herzfeld et toujours visible, n’existe qu’en surface, sans aucune autre trace de pierre ou de brique dans le sous-sol immédiat. Il est donc d’une époque relativement récente.

En définitive, les méthodes géophysiques, qui ont porté sur près de 50 des quelque 200 hectares du site protégé, ont permis de distinguer différentes sortes de constructions et d’aménagements insoupçonnés jusqu’à une date récente. De plus les résultats acquis ont valeur de test pour l’ensemble du site. Les prospections ont fait apparaître l’existence en plusieurs secteurs d’aménagements en pierre ou de microreliefs non naturels, dont rien ou presque n’apparaissait en surface : quelle que soit leur extension, leur plan et leur fonction, ces structures démontrent la présence d’autres constructions que celles que l’on connaissait jusqu’à présent ; elles sont parfois importantes et surtout elles modifient l’image que renvoyaient certains bâtiments, comme la tour Zendan-i Solaiman, qui est maintenant replacée dans un ensemble construit plus vaste et plus complexe qu’on ne le supposait.

L'EXPLOITATION DU TANG-I BULAGHI

Toutes les eaux de la plaine de Morghab convergent au sud du tombeau de Cyrus dans un défilé, étroit au départ, qui s’élargit après 4 km jusqu’à son débouché 12 km plus loin, dans la vallée de Sivand qui conduit à la plaine de Persépolis.

Dans les passages les plus étroits de la gorge, des aménagements rupestres qui forment un canal sont visibles sur les parois obliques ou presque verticales de la rive droite à environ 15 m au-dessus du lit de la rivière Polvar. Parmi les segments rupestres, le plus long, sinueux, mesure 250 m (fig. 35). Sur la rive gauche quelques segments sont moins visibles et moins impressionnants, mais situés à la même hauteur. Ces travaux ont suscité bien des interrogations. Sur la rive droite ces aménagements ont été qualifiés de « Route Royale », tandis que ceux de la rive gauche ont été reconnus comme appartenant à un canal. Pour ceux de la rive droite, la faible largeur de la « voie », 1,70 m au maximum, mais souvent de l’ordre de 1 m-1,20 m, exclut l’hypothèse d’une circulation des hommes et des bêtes.

L’examen minutieux de ces travaux a montré que l’hypothèse d’une route royale était erronée : il s’agit d’un canal sur les deux côtés de la rivière. Celui de la rive droite montre de nombreuses parties inachevées qui sont laissées en dénivelé. Par endroits, entre deux segments rupestres, est construite une sorte de levée empierrée, large de 2 m à la base ; pour établir la quasi horizontalité de cette levée le tracé suit les courbes de niveaux, obligeant ainsi à des détours. Un tel tracé correspond bien plus à un canal qu’à une route qui supporterait certaines déclivités. En aval de la gorge, dans la partie élargie de la vallée, les traces de ces canaux sont uniquement des segments de la levée de pierres, toujours largement au-dessus du lit de la rivière (fig. 37). Le relevé topographique a montré que les déclivités et les accidents de terrain étaient corrigés par une maçonnerie qui maintenait le sommet de la levée horizontale. Le gradient du canal a pu être calculé, par des mesures régulières sur le tracé, et bien que le sommet de la levée ne soit pas conservé : il est bien inférieur à 1%.

Parties rupestres et parties construites représentent ensemble un gros investissement de travail. La fonction de canal sur les deux rives est l’hypothèse à retenir, canaux destinés à l’irrigation de la vallée élargie (9 x 3 km), dont tout le fond est cultivable. La date ne peut être précisée, mais le travail de la pierre d’une part, selon l’expertise de Jean-Claude Bessac, le recouvrement de certains éléments de la levée par des tombes en cairns dont l’un est d’époque parthe conduisent à dater ces grands travaux de l’époque achéménide. Cette période est par ailleurs la seule qui corresponde à une importante occupation sédentaire de la vallée après plusieurs millénaires d’interruption depuis la période Bakun au 5e millénaire, l’autre importante phase d’occupation du Tang-i Bolaghi.

Plusieurs constructions de l’époque achéménide ont été construites dans cette vallée : en aval, dans la gorge sur une terrasse naturelle un petit bâtiment d’une trentaine de mètres de côté, à plusieurs salles, est muni de deux portiques opposés. Les bases de colonnes ne montrent pas de traces de ciseau à dents indiquant par là très probablement une construction antérieure au 5e siècle. Par ces dimensions, il est à rapprocher des pavillons de Pasargades, mais tandis que ceux-ci n’ont qu’une seule salle centrale, le bâtiment du Tang-i Bolaghi est pluricellulaire. Dispersés dans l’élargissement de la vallée, une ferme et un enclos ont été construits sur la rive droite, et un petit village associé à un bâtiment protégé par un mur épais (pour le stockage ?) sur la rive gauche. Ces installations illustrent les activités agricoles qui justifient l’aménagement des deux réseaux de canaux, rupestres ou construits (voir Arta 2009.001, 2009.002, 2009.003, 2009.004, 2009.005, 2009.006, série d’articles édités par Boucharlat et Fazeli Nashli).

LA MAITRISE DE L'EAU EN AMONT DE PASARGADES

La compréhension du fonctionnement de Pasargades et de ses ressources en eau nécessitait de repérer les aménagements hydrauliques en amont du site. Après des visites d’observation des barrages et retenues d’eau qu’avait repérés naguère W. Kleiss (en particulier Kleiss 1991), l’occasion d’étudier ceux-ci plus précisément a été provoquée par le pillage de deux d’entre eux à 20 km environ en amont de Pasargades, à plus de 2000 m d’altitude au pied de la petite chaîne montagneuse bordant au sud la plaine de Safa Shahr (anciennement Dehbid). Les deux barrages de Shahidabad et Didegan, à 2 km l’un de l’autre, sur la rivière Polvar, paraissent appartenir à un même système de contrôle de l’eau, mais ils sont très différents l’un de l’autre par leur emplacement, tout en présentant des techniques de construction très proches.

En amont, le barrage de Shahidabad, long de 500 m, qui utilise largement une levée naturelle, présente en un endroit près du sommet à plus de 12 m au-dessus du lit de la rivière actuelle, un impressionnant système en blocs de pierre appareillés, parfois longs de plus de 1,50 m. Les faces sont soigneusement dressées et polies, jointes par anathyrose et liées par des crampons en fer dans des logements en queue d’aronde. On retrouve dans cette construction isolée dans une région inoccupée les meilleures techniques du travail de la pierre de Pasargades. Au-dessus de la rivière, le niveau de l’eau élevé par le barrage entrait dans un conduit haut de 1 m. Ce conduit long de 6 m ou plus (la partie amont a basculé dans le lit de la rivière) se terminait dans un espace disposé perpendiculairement ; celui-ci était percé de six petits canaux dont l’extrémité aval était contrôlée par un système de vannes identifiées par une fente que pouvait obturer une dalle ou une planche de bois placée verticalement. Le débouché est un bassin long de 8 m, dont les murs et le sol sont également construits en grands blocs appareillés. Curieusement, il ne possède par de mur arrière, de sorte que l’eau s’écoulait librement au-delà. Ce système est trop élaboré pour ne servir qu’au contrôle de l’eau, d’autant plus qu’il est situé en partie haute du barrage. Sa fonction première reste à déterminer.

Le second barrage de Didegan est en aval, placé dans l’entrée d’une gorge. Beaucoup plus étroit, il devait s’élever à plus de 10 m de hauteur. Ici, le système de régulation de l’eau est au contraire à la base de la levée de terre, construit également en pierres appareillées, de plus petit module. Il montre pourtant le même système de conduit en amont et, plus loin, les restes de six vannes marquées par les fentes au niveau du sol. La partie aval a disparu. Les techniques de travail de la pierre sont proches de celles du barrage de Shahidabad, mais on note cependant des logements de crampons les uns en queue d’aronde, les autres rectangulaires, qui sont probablement un peu plus tardifs (De Schacht et al. 2012).

Ces vestiges, parmi d’autres dans la région en amont de Pasargades, ne sont que partiellement étudiés. Leur nombre, leur importance, la haute technique et la qualité du travail de la pierre indiquent assez l’importance des investissements voulus par les souverains perses, très probablement dès Cyrus, pour organiser le fonctionnement de Pasargades et de sa région.

Rémy Boucharlat (Maison de l'Orient et de la Méditerranée) / 2014
 
Le centre du site où apparaissent des micro-reliefs rectilignes. Ils peuvent correspondre à des structures antiques ou à des murs bordant des champs modernes.
Relevé du site et des environs en 1938 par E. Herzfeld et Friedrich Krefter.
Dépression au nord du Takht i-Solaiman dans l'enceinte polygonale.
La plaine de Pasargades vue du sud.
La prospection dans l'enceinte polygonale, préparée par un quadrillage topographique.
Vue aérienne des environs du tombeau de Cyrus,photo E.F. Schmidt 1935, OI Chicago
Imamzadeh Hazrat Yaqub, blocs travaillés à la manière achéménide.
La prospection magnétique dans la zone du Zendan-i Solaiman.
La prospection magnétique conduite par Ch. Benech avec gradiomètre au césium dans la zone du jardin royal.
Plan de la partie centrale du site. Les constructions sont disposées dans un jardin ou un parc,D. Sronach, Mélanges Vanden Berghe 1988, fig.2.
Détail des bassins disposés tous les 14m sur le réseau des canaux.
L'image géophysique complète le réseau de canaux dans le jardin royal. D'autres structures restent à interpréter.
L'image géophysique près de la tour du Zendan-i Solaiman (à gauche) fait apparaître le plan d'une grande construction aux angles renforcés de tours, prospections conduites par Ch. Benech en 1999.
Détail de la carte du site dans le Tang-i Bulaghi en 1928, dressée par E. Herzfeld et Friedrich Krefter, E. Herzfeld A.M.I 1 1929, plan.La ''route'' rupestre dans la gorge Tang-i Bulaghi.
La gorge Tang-i Bulaghi.Les parties centrale et méridionale du site,photo aérienne E.F. Schmidt 1935, OI Chicago
Détail de Tang-i Bulaghi : travail au pic épargnant des protubérances circulaires.
La gorge Tang-i Bulaghi vue depuis la ''route'' rupestre.
plan du site