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Entre 1998 et 1999 une équipe internationale composée de l'Institut d'Archéologie A. Kh. Margulan de la République du Kazakhstan, de la Mission Archéologique Française en Asie centrale et du Centro Studi Ricerche Ligabue avec la participation et d'une série d'institutions scientifiques sous la direction de Z. S. Samashev et H.-P. Francfort, réalisa une fouille de kourganes des anciens nomades de l'âge du fer à Berel', dans la région de Katonkaragay sur le territoire de l'Altaï kazakhstanais. L'un de ces kourganes, le n° 11, avait gardé une lentille de pergélisol (ang. permafrost, russe merzlota) conservant des vestiges organiques. Notre fouille est la plus récente d'une série d'excavations de kourganes gelés de Russie, dont les plus connus sont ceux de Pazyryk, Touekta, Bashadar, anciennement fouillés par le Musée de l'Ermitage, et ceux du plateau d'Ukok, étudiés par l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie de Novosibirsk au début des années 1990.
La fouille d'une tombe gelée et de la fosse aux chevaux (13 en tout) d'un kourgane comme le n° 11 de Berel', est complexe, car il est inhabituel de mettre au jour des animaux et leur pelage, ainsi que des textiles et des pendeloques en bois, avec des contraintes de température qui empêchent que l'on prenne le temps de procéder aux dégagements lents normalement attendus en archéologie. Il fallut donc relever en place toutes les informations accessibles sur les objets et les chevaux, et découper ensuite soigneusement des blocs pour les entreposer dans un camion frigorifique loué à la capitale provinciale, et aller les ranger à -20 °C dans une chambre froide spécialement importée de France à Almaty. Dès janvier-février 2000, l'équipe se retrouva à Almaty pour procéder à la fouille en laboratoire des blocs qui furent sortis l'un après l'autre de la chambre froide. Puis, après décongélation, ils furent étudiés et fouillés, face et dessous, par les zoologistes, biologistes, vétérinaires, ainsi que par les restaurateurs (J. Vasquez, C. Relier, K. Altynbekov).
Ce travail de fouille différée minutieuse et les analyses de laboratoire qui sont toujours en cours ont permis une collecte d'informations qui se révèle dès aujourd'hui exceptionnelle, à un stade encore très préliminaire. À ce jour, les 40 kg d'échantillons organiques prélevés sur les chevaux ont été répartis entre l'Institut de Pathologie du Cheval de Caen (AFSSA-Dozulé), l'Institut National de Recherche Agronomique et l'École Nationale Vétérinaire de Maison Alfort, et d'autres sont dans des Instituts au Kazakhstan. Comme rien n'est demeuré d'utilisable des chevaux découverts jadis ou naguère dans les fouilles de l'Altaï russe, nous attendons beaucoup des analyses des organes prélevés, des contenus des viscères, du sang même, tant dans le domaine de la parasitologie que pour la virologie, la bactériologie et la génétique. Les chevaux, par exemple, proviennent-ils de troupeaux apparentés ou très différents? peuvent-ils être les chevaux d'alliés lointains? Les anthropologues, biologistes, parasitologues, médecins légistes ont traité les échantillons provenant des corps humains, en une opération coordonnée par le Dr E. Crubézy, qui a lui-même fouillé le sarcophage.
Une date absolue a été définie de manière préliminaire pour le kourgane n° 11 : 294 avant J.-C.. La corrélation de ces données révèle la place du kourgane n° 11 de la nécropole de Berel' parmi des monuments contemporains de l'Altaï : il est de 20 ans plus récent que les kourganes de Ak-Alakha 1, de Kuturguntas et de 20 ans plus ancien que Ak-Alakha 3.
Le site de Berel', se trouve dans l'Altaï, donc loin à l'est des frontières de l'empire achéménide, dans la vallée de la Bukhtarma, seule rivière à offrir une voie de pénétration venant de l'Ouest dans cet énorme massif montagneux. Là, le Kazakhstan confine à la Russie et à la Chine, non loin de la Mongolie. C'est d'ailleurs de cette vallée de la Bukhtarma, peut-être de Berel' même, que provient un daim bondissant achéménide en argent doré du musée de l'Ermitage, reste de l'anse d'une amphore perdue qui démontre, depuis son acquisition en 1735, la circulation d'objets perses vers la lointaine Sibérie. Un miroir de bronze trouvé à Maiemir, localité située dans la même vallée en aval de Berel', a jadis aidé Grjaznov à définir la phase ancienne du "style animalier scythe-sibérien", qu'il baptisa "étape d'Arzhan-Maiemir" ; ce miroir est orné de six cerfs dressés sur les pointes des sabots, leur œil est rond et les bois rejetés en arrière au-dessus d'une saillie du garrot. Nos récentes recherches à Maiemir même, en 1997, nous ont permis de découvrir, entre autres, un cerf de ce même style gravé sur une paroi des pointements rocheux proches du cimetière antique.
Le kourgane, sélectionné dès 1997 pour son potentiel à conserver des matières organiques gelées, est situé dans un cimetière d'une trentaine de tombes, sur une terrasse de la rivière à 1 200 m d'altitude, en vue des cimes enneigées de l'Altaï qui barrent l'horizon vers le nord. Au sud, vers l'aval, se dressent les monts Targabatay qui tracent la frontière avec la Chine. Ce kourgane, le n° 11, est placé à la tête d'un alignement de huit de ces tumuli scythes, dont le premier avait V. Radloff en 1865, après un sévère pillage ; les ultimes dépouilles en furent fouillées en 1958 par V. Sorokin. Le kourgane fouillé par notre équipe mesure 23 m de diamètre et s'élève à 2,5 m au-dessus du sol actuel.